Valérie Leclair

Fiche technique

  • Nom : Valérie Leclair
  • Profession: Accessoiriste hors plateau
  • Department: Accessoires
  • Formation : Collège O’Sullivan de Montréal, technologie de médias et de plateau de tournage
  • Membres IATSE 514 depuis : 2012

Que faites-vous exactement sur un tournage?

Mon rôle consiste à créer des objets qui sont utilisés ou manipulés par les acteurs dans le respect de la vision du chef accessoiriste. Pour un film d’époque, je peux avoir à patiner le briquet d’un personnage en lui donnant une finition de métal oxydé. On comprend alors que c’est «son» briquet, qu’il s’en sert régulièrement et qu’il le transporte dans ses poches. Un autre exemple: pour la série La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, où l’on retrouve un manuscrit enterré depuis dix ou vingt ans dans un sac de cuir, j’ai dû vieillir des liasses de papier en leur donnant un aspect sali et gonflé, déchiré sur les coins. En fait, je donne vie aux objets!

Comment concilier le métier d’assistante accessoiriste avec celui de comédienne?

Les deux professions se rejoignent dans le processus de création des personnages, même si c’est plus développé devant la caméra que derrière! Quand je crée un accessoire, j’imagine comment l’acteur va l’utiliser, le manipuler, l’accrocher ou le déposer. Parfois ça va plus loin: pour fabriquer à la main le journal intime d’une petite fille dans Simetierre, j’ai dû me glisser dans sa peau pour imaginer sa calligraphie, le style de ses dessins, sa façon d’organiser chaque page – j’adore cet aspect de mon métier. J’ai toujours voulu travailler sur des plateaux de tournage et j’ai la chance de réaliser ce rêve doublement, même si je n’ai, comme comédienne, que quelques petits rôles parlants à mon actif. Tout ça cohabite très bien pour une pigiste comme moi!

Quelles sont les qualités requises pour réussir dans ce métier?

Depuis que je suis toute jeune, je suis très artistique; j’aime faire de la couture, dessiner, peindre, bricoler. Cela m’est très utile dans ma profession. Une autre qualité essentielle, c’est la minutie. Probablement plus que pour les décors, qui sont très importants, mais qui sont souvent en toile de fond. Mes accessoires doivent être parfaits, car le réalisateur peut décider de les montrer en gros plan, de faire des inserts. Bien sûr, il arrive que je travaille très fort, que je m’investisse et que, finalement, mon accessoire soit éliminé au montage, mais c’est normal en cinéma! Il faut aussi être efficace, travailler rapidement et savoir rester calme même quand on travaille sous pression. Un beau matin, le réalisateur peut décider qu’il veut un nouvel accessoire qui n’était pas du tout au programme, et je peux me faire dire «Valérie, tu n’as pas le temps de prendre un café parce qu’on tourne dans 30 minutes». C’est le genre de petit rush d’adrénaline qui réveille!

Un mentor, une personne qui vous a aidée à percer dans le milieu

À mes débuts, en 2009, j’ai eu la chance de rencontrer la décoratrice Louise Cova lors d’un stage sur le film Le Monde de Barney. Elle nous a donné le défi, à moi et à deux autres assistantes, de plier des serviettes de table de façon raffinée pour une scène tournée dans un restaurant. Ce sont mes serviettes qu’elle a retenues et elle s’est souvenue de moi lorsqu’elle a eu besoin d’un coup de main par la suite. À partir de ce moment, elle m’a emmenée sur les plateaux comme si j’étais son assistante, elle m’a tout montré et m’a présentée aux bonnes personnes. De fil en aiguille, je me suis fait remarquer et j’ai pu créer un bon réseau de contacts. C’est important, parce qu’on a tendance, dans ce milieu, à retravailler avec les mêmes personnes.

À quoi ressemble une de vos journées types?

J’arrive très tôt dans les bureaux de production, vers 7h, parce l’équipe des accessoires a en général beaucoup de recherche à faire. On a des meetings et, à l’occasion, des Show and tell, où l’on présente les accessoires au réalisateur et au directeur artistique. Par la suite, je me rends à l’entrepôt ou à l’atelier, où j’ai un petit local pour bricoler. Je travaille presque exclusivement en préproduction et je ne vais presque jamais sur les plateaux, sauf en cas d’urgence, quand il faut corriger ou créer quelque chose rapidement.

Quelle production vous a le plus marquée?

Je dirais que c’est la série La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Mon premier gros contrat, avec un grand réalisateur (Jean-Jacques Annaud), sur lequel j’ai travaillé du début à la fin. J’ai eu à créer, avec l’équipe des accessoires, des objets qui jouent un rôle important et j’en tire beaucoup de fierté. Sur ce tournage, j’ai senti que mon travail comptait vraiment, ce qui est très valorisant, et j’ai relevé de beaux et grands défis. J’ai entre autres eu à concevoir un système pour insérer, à la demande du réalisateur, de toutes petites caméras dans des gants de boxe parce qu’il voulait capter les coups d’un combat. Et créer ces gants de boxe pour plusieurs époques différentes!

Un conseil pour ceux qui démarrent dans votre métier

Il faut aimer son travail. Parce que ça paraît, sur un plateau, quand tu n’es pas heureux et les gens sont alors moins disposés à t’embaucher à nouveau. Ce n’est pas un problème pour moi, parce que j’adore mon métier!

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